Nous détestons qu’on nous mente. Les menteurs notoires ont mauvaise réputation. Tout à fait juste. Cependant, nous nous comportons régulièrement de la même façon avec nous-mêmes : nous nous mentons les uns aux autres par ligne. L’homme est un maître de l’auto-tromperie. Même la peau la plus honnête aime se coucher dans sa poche. Par conséquent, ce fait est bien sûr également nié à lui-même. Après tout, vous avez cliqué sur cet article et avez continué à lire – un bon signe de votre volonté de devenir plus honnête et véridique. Il y a donc six signes indiquant que vous vous mentez peut-être à vous-même…
Plan de l'article
Pourquoi se ment-on à soi-même ?
Difficile de jeter la pierre : l’auto-mensonge fait partie de l’expérience humaine. La plupart du temps, on ne s’en rend même pas compte. Cela se joue en coulisses, motivé par des raisons qui, sur le moment, paraissent légitimes :
Voici quelques raisons récurrentes pour lesquelles on cultive, parfois sans le vouloir, le mensonge intérieur :
- Se protéger de ce qui pourrait blesser ou déstabiliser.
- Préserver une image de soi valorisante.
- Écarter la mauvaise conscience qui gronde.
Mais qu’est-ce qui pousse notre esprit à fabriquer ces fables ?
La racine se nomme dissonance cognitive : ce malaise qui surgit quand nos convictions et la réalité s’entrechoquent. Notre cerveau n’aime pas les contradictions. Elles menacent l’image qu’on entretient de soi, alors il cherche l’issue la plus confortable.
Prenons la fable du renard et des raisins : le renard, attiré par des fruits juteux, découvre qu’ils sont hors de portée. Plutôt que d’accepter l’échec ou de chercher une solution, il décrète que, de toute façon, ces raisins n’étaient pas si tentants : « Ils sont sûrement trop acides. » Il rebrousse chemin, l’honneur sauf.
Face à l’écart entre le désir et le possible, il est plus simple de changer d’attitude que d’agir. Le renard aurait pu demander de l’aide, s’entraîner à sauter, réessayer. Mais, comme beaucoup d’entre nous, il préfère ajuster son discours plutôt que de bousculer ses habitudes.
Ce mécanisme est universel : celui qui veut vraiment, trouve un moyen ; celui qui ne veut pas, trouve une excuse.
On rencontre alors deux profils : ceux qui avancent vraiment, et ceux qui se racontent des histoires, collectionnant les raisons pour ne pas bouger. Ce n’est pas une fatalité, mais une tendance tenace.
Reste alors quelques questions directes :
- Comment repérer qu’on se raconte des histoires ?
- Comment échapper à cette spirale ?
- Est-ce que ça en vaut la peine ?
6 signes que vous vous mentez
Ces questions méritent d’être posées. S’interroger, régulièrement et sans complaisance, marque déjà un progrès. Observer honnêtement ses propres comportements, c’est s’offrir la possibilité de changer.
Voici six signaux qui doivent alerter : si vous les reconnaissez, il y a de fortes chances que vous vous racontiez des histoires plus souvent que vous ne le croyez.
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Les actes ne suivent pas les paroles
Les bonnes résolutions pleuvent le 31 décembre, mais combien franchissent le cap du mois de janvier ? On promet, on projette, puis… rien ne se passe. Si ce scénario se répète, ce n’est pas seulement de la distraction : c’est le signe qu’on préfère rêver sa réussite plutôt que de s’y atteler vraiment. À force, on finit par ne plus se croire soi-même.
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L’exagération devient une seconde nature
Rien ne va jamais, ou alors tout est parfait. Les mots « toujours », « jamais », « absolument » envahissent le discours. Vivre dans les extrêmes, c’est occulter la complexité du réel. Admettre les nuances, c’est déjà commencer à se regarder sans filtre.
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Impossible de reconnaître ses erreurs
Qu’il s’agisse de jugements hâtifs, de convictions ou de préjugés, rester arc-bouté sur ses positions trahit une peur d’affronter la réalité. L’opinion n’est pas la vérité. Se défendre bec et ongles, changer d’avis au gré du vent, tout cela masque la difficulté à accepter d’avoir pu se tromper.
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Vouloir plaire à tous, tout le temps
Chercher l’harmonie à tout prix, dire « oui » quand on voudrait dire « non », s’oublier pour ne froisser personne… Voilà comment on finit par trahir ses propres besoins. Les désaccords font partie de la vie. S’affirmer, c’est aussi accepter de ne pas être dans les petits papiers de tout le monde.
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Se croire infaillible
Se convaincre qu’on peut tout gérer, toujours en faire plus, tenir tous les délais sans faiblir : c’est la recette pour se retrouver débordé, voire au bord du craquage. Reconnaître ses limites, c’est se donner la chance de progresser, et d’éviter l’épuisement.
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Se sentir déconnecté de soi-même
Parfois, le malaise est là, diffus : on se sent en décalage, comme si on portait un masque. Lorsque le sentiment d’imposture s’installe, il est temps de s’arrêter. À force de travestir la réalité, on se fait du tort, et l’estime de soi en prend un coup.
Arrêter de se mentir : par où commencer ?
La prise de conscience ouvre la porte au changement. Mais il ne suffit pas de savoir pour que tout bascule. Rompre avec l’auto-mensonge demande de briser de vieilles habitudes, et ce n’est ni rapide ni indolore.
Choisir l’honnêteté envers soi-même, c’est parfois inconfortable. Cela peut même faire mal. Mais c’est un passage obligé pour devenir plus authentique, plus solide, moins tributaire du regard des autres. On ressort grandi, moins dépendant, plus fidèle à soi-même.
Deux leviers concrets à mobiliser :
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Reconnaître ses failles
Se mentir sert souvent à masquer ses imperfections, ses échecs, à préserver une image flatteuse. Pourtant, accepter ses erreurs, c’est la seule façon de s’en libérer et, pourquoi pas, de demander de l’aide. Et puis, rien de plus humain que de ne pas être parfait.
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Rester aligné avec ses valeurs
Essayer de rentrer dans le moule pour être accepté n’a jamais rendu personne heureux. S’assumer, c’est s’autoriser à déplaire parfois. Cela ne veut pas dire mépriser les autres, mais simplement vivre selon ses propres repères. On ne dispose que d’une vie : autant la vivre sans faux-semblants.
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On peut continuer longtemps à se raconter des histoires. Mais un jour, le miroir ne ment plus. Êtes-vous prêt à regarder en face ce que vous percevez, et à en faire quelque chose de vraiment neuf ?

